Lanas – Ardèche – Site du village

Les colères de l’Ardèche

 

L’Ardèche est un cours d’eau de type méditerranéen, dont le débit peut varier dans de très grandes proportions. Cela est dû à plusieurs facteurs. Tout d’abord, de très fortes pluies, sous forme de violents orages, s’abattent en automne sur la région , alors que l’été est très sec. Mais, les pluies s’abattent sur les sommets cristallins imperméables des hautes vallées de la rivière et de ses affluents, et au lieu de s’y infiltrer, ne peuvent que ruisseler sur les pentes. En outre, ces pentes sont extrêmement abruptes, favorisant le ruissellement, et d’innombrables torrents dévalent très rapidement dans les vallées, pour rejoindre la rivière et ses affluents, dont les eaux gonflent avec une extrême rapidité, noyant et emportant tout sur leur passage. Ainsi, la Cance (affluent direct du Rhone en dessous d’Annonay) est passée de 0,3 à 800 mètres cubes par secondes en 1841 et en 1890.

Les pluies. La moyenne annuelle est de 550 mm à Marseille, 900 à Bordeaux et 985 à Grenoble alors que par exemple, en octobre 1970, il est tombé à Mayres 132 mm en l’espace en seulement 5 heures de déluge. Pour ce qui est de la déclivité, sachons que l’Ardèche perd entre 95 et 14 mètres d’altitude par km, dans les 25 premiers km de son parcours. Il en résulte une vitesse d’écoulement élevée, amplifiée par la confluence rapprochée des affluents. Quelles en sont les conséquences ?

1 – Un débit monstrueusement accru. L’Ardèche passe d’un débit estival moyen de 5 mètres cubes par seconde à 3 500 en quelques heures, avec des records de 5 000 mètres cubes par seconde. En comparaison, la Seine à Paris, lors de sa grande crue de 1910, n’a atteint que 2 500 mètres cubes par seconde. En certains endroit de son cours, l’Ardèche ressemble à un oued : quelques centaines de litres par seconde entre le Pont-d’Aubenas et Saint-Didier ; un peu plus s’il y a apport de résurgences : 1 200 litres par seconde à Voguë.

2 – Une montée extrêmement rapide du niveau des eaux. Il est passé de zéro à 5,80 m entre 1 heures du matin et 6 heures du matin, soit 5,80 m en 6 heures, à Vallon en 1976. Le flot avance alors comme un mur d’eau boueux, à la vitesse de 15 à 20 km à l’heure. Au pont de Salavas en 1827, où le lit fait 140 mètres de large, le niveau est monté à 17,40 mètres, et au pont de Gourniès il a atteint 21,40 mètres !

Les crue anciennes importantes dont on a gardé la trace, se sont produites en 1482 (le 15 septembre, le pont provisoire de Voguë a été emporté),1522, 3 septembre 1644 (16 m à Vallon), 1782 (pont en bois de Voguë emporté),1790, An 10, 1827 (moulin de Voguë en partie détruit, 16,10 m à Vallon), septembre1846, 1848, 1857, 1859, 1878 (une pompe de 20 tonnes, utilisée pour la construction du viaduc de chemin de fer de Voguë, fut emporté sur 100 mètres, 14,50 m à Vallon),1890 (une des plus désastreuses, 17,30 mètres à Vallon),1899 (10,10 m à Vallon), 1900, 1901 (6 m à Vallon), 1907 (60 à 80 hectares de bonnes terres, en amont de Voguë, emportées et qu’on retrouva au Boudenas de Saint-Maurice). Plus récemment, en 1963 (un camping emporté à Voguë, heureusement sans victimes), 1967, 1976, 1992. Les dégâts occasionnés sont considérables. Terres emportées, arbres arrachés, qui viennent ébranler les piles des ponts. La crue de 1890 en particulier, a détruit 28 ponts, de nombreux moulins. Il y eut également de nombreuses victimes